Beaucoup d’analyses ont été entendues sur le scandale Volkswagen, mais c’est à se demander si beaucoup ont réellement lu le rapport à l’origine de l’affaire. Et pourtant, sa lecture est très instructive et nous en apprend beaucoup sur les petits secrets de Volkwagen.

Euro 6 sans tricher c’est possible !

Point qui n’a été que rarement rapporté, les tests portaient sur deux VW et une BMW x5. Et BMW prouve ainsi qu’il est tout à fait possible de respecter à peu près les normes US en conditions réelles.

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Pour rappel, les limites sur les NOx des normes EPA sont de 0.04g/k, contre 0.08g/km pour Euro6 et 0.18g/km pour Euro 5. On voit donc que VW n’a pas qu’un peu dépassé les plafonds, et ce même sur route en condition normalement favorable. Même Euro 6, et même Euro 5 pourtant plus laxiste, sont pulvérisés !

Mais alors, comment BMW réussit cette performance ? Simple, ils utilisent une technologie éprouvée appelée SCR (Selective Catalytic Reduction). Seulement voilà, elle aurait coûté 300€ à VW, trop cher !

Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite

« Tous trichent », voilà l’argument utilisé pour diluer la responsabilité de VW. Et à entendre les témoignages, il semble que les constructeurs testent des « véhicules » qui n’ont pas grand chose à voir avec ceux qu’ils nous vendent, avec pour effet, comme le montre un autre rapport publié par l’ICCT, de dépasser quasi systématiquement les normes anti-pollution en conditions réelles. Mais, comme on peut le constater, dans certaines proportions… Je vous laisse deviner sur ce graphe (page 6) quels sont les véhicules produits par le groupe VW…

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Dans tous ça, quand VW annonce que ses modèles 2016 respectent les normes Euro 6, personnellement, j’ai beaucoup de mal à y croire.

La tricherie Volkswagen dans son contexte

Le premier objectif stratégique de VW est, depuis des années, de devenir constructeur n°1 mondial en volumes. Sans surprise, la marge d’exploitation de la marque VW reste très faible à 2.7%, elle est la conséquence d’une politique de prix cassés pour gagner des parts de marché à tous prix. Dans ce contexte, utiliser un système de dépollution sophistiqué et coûteux était hors de question.
Une fois « réglé » le problème du respect des normes environnementales avec son logiciel, VW a préféré optimiser son moteur uniquement sur un compromis puissance/consommation laissant loin derrière la concurrence surtout en termes de polluants.

Ainsi, VW a pu bénéficier pendant 7 ans d’une distorsion de concurrence extrêmement favorable. Aux US, aucun de ses concurrents n’a réussi à proposer de véhicules diesel peu cher et respectant les normes. En Europe aussi, on pouvait voir Peugeot bien à la peine avec son système AdBlue et son réservoir de 17L !!

Même si je ne ferai aucune prédiction sur la survie de VW, une chose est sure, ce scandale va leur coûter très cher, et c’est bien fait ! La tricherie de VW était hors-norme, avec des conséquences sur la santé publique probablement non négligeables (2 millions de véhicules pourris sur un parc de 40 millions en France). De plus, elle a permis au groupe de se hisser au 1er rang mondial aux dépends de tous ses concurrents, à commencer par les français, avec les conséquences qui vont avec en termes d’emplois. Dans ces conditions, les américains ont tout à fait raison de rappeler Volkswagen à l’ordre. Honte à l’Europe d’avoir toléré ce genre de pratiques, espérons juste que cela sera l’occasion de faire un peu de ménage dans des pratiques détestables.