Beaucoup d’interventions ces derniers temps sur le thème des efforts et autres réformes structurelles que les Grecs doivent enfin réaliser pour s’en sortir. Alors faisons un bilan des réformes accomplies par les Grecs ces 5 dernières années.

Réduction de la dépense publique

La Grèce a réduit la dépense publique en euro constant de 28% !


Réduction de la fonction publique

Dans un rapport de la Commission Européenne (chapitre 3.2.6 – page 38), on y trouve que la Grèce a réduit de 28% l’emploi dans le secteur public :
Secteur Public - Grèce

Réforme des retraites

Les retraités grecs ont vu leurs pensions diminuer en moyenne de 40%! L’age de départ a aussi été repoussé à 67 ans pour les hommes par exemple. Le problème est qu’avec le défaut partiel de 2012, les fonds de pensions grecs, qui étaient légalement obligés de placer leurs réserves en Emprunts d’État grec, ont perdu 10 milliards d’euros. Ajouté à cela un chômage au-dessus de 25%, les caisses de retraites ont du mal à sortir du rouge.

Réformes structurelles

Alors si l’économie grecque ne redémarre pas, c’est que bien sûr elle n’a pas fait de réformes structurelles !! Argument imparable, d’autant plus que le niveau de ces réformes est toujours difficile à évaluer, au moins par le grand public. Mais l’OCDE publie un rapport, « Going for Growth 2015 », dans lequel elle classe les pays en termes de réformes structurelles accomplies sur la période 2007-2014 (Chapitre 4 – page 109).

Surprise, la Grèce est bien devant tout le monde. Et cela se retrouve aussi dans les rapports « Doing Business 2010 », elle passe de la 109ème place dans le rapport de 2010, à la 61ème dans celui de 2015.
Alors bien sûr, les Grecs n’ont toujours pas de cadastre, ha ha ! Mais en même temps, en créer un à partir de rien est une tâche titanesque qui prend du temps.

Alors pourquoi la Troïka nous dit que les Grecs ne font aucuns efforts ?

Probablement parce que nos élites européennes devraient enfin admettre l’échec des politiques imposées à la Grèce, en particulier, et à la zone euro, en général. Le sauvetage de 2010 n’était qu’un gigantesque transfert des dettes pourries du secteur privé, les banques européennes, au secteur public, in fine le contribuable européen. On sauvait les banques, mais la Grèce allait nous rembourser jusqu’au dernier euro ! L’austérité devait rétablir la confiance et relancer l’Europe, et surtout pas la précipiter dans la stagnation et la déflation. La Troïka en était persuadée, et plutôt que de maintenant reconnaître ces erreurs et changer de cap, il est bien plus facile de blâmer ces irresponsables de Grecs.

Finalement, la position de Tsipras n’est pas si délirante. La Grèce ne pourra jamais tout rembourser, et quelques réformes structurelles de plus n’y changeront fondamentalement pas grand chose. Il est donc temps d’admettre, comme vient de le faire le FMI, cet état de fait, même si cela ne fait pas plaisir. Les pays de la zone euro auront probablement perdu dans les 100 milliards en sauvant leurs banques et la Grèce. Dont acte ! Quel que soit le résultat du référendum de dimanche, il est grand temps d’arrêter de saigner le patient et de mettre en place une stratégie sérieuse de sortie de crise qui passera a minima par une restructuration de la dette. D’un côté, les instabilités créées par la crise grecque nous coûtent bien plus que 100 milliards par an (1 point de PIB). De l’autre, il est difficilement acceptable de laisser comme seule perspective aux Grecs de vivre encore 10 ou 15 ans de cette tragédie. Quelles que soient les responsabilités de la Grèce dans ses propres malheurs, l’Union Européenne vaut mieux que ça. Après tout, si nous avons pu pardonner aux Allemands toutes les horreurs de la 2nd guerre mondiale, pourquoi n’arrivons-nous pas à pardonner aux Grecs leurs errements budgétaires?