La crise grecque ramène dans les discussions le défaut argentin de 2001. Est-ce que la situation de l’Argentine d’alors peut nous éclairer aujourd’hui ?

Les origines de la crise

Afin de sortir de l’hyperinflation des années 80, l’Argentine a mis en place en 1991 un peg entre le peso et le dollar US. Et cela a plutôt bien marché, au début. L’inflation est redescendue à un faible niveau, les investissements étrangers sont revenus et ont stimulé la croissance. Malheureusement, lier sa monnaie au dollar, quand ses principaux partenaires commerciaux sont le Brésil et l’Union Européenne, peut rapidement ruiner la compétitivité de ses entreprises quand le dollar s’envole

En 1999, l’économie US tournait à plein régime, alors que les matières premières sur lesquelles reposaient les économies argentines et brésiliennes étaient au plus bas. Le peso devenait alors clairement surévalué. La crise mondiale de 2000-2001 après l’éclatement de la bulle internet fut le coup de grâce.

Finalement, la Grèce a vécu a peu près la même histoire avec l’euro :

  • une baisse de l’inflation
  • un afflux de capitaux qui ont dopé la consommation et une bulle immobilière
  • une industrie et des services qui n’en ont pas profité pour gagner en compétitivité

Et quand la crise frappe en 2008, peu importe que la Grèce ait falsifié ses comptes publics, le résultat est le même, il devient alors évident pour tous que le pays n’était pas solvable.

Sortie de crise

Mais là s’arrête la comparaison. Quand en 2001 tenir le peg peso-dollar devient impossible, l’Argentine le suspend, impose un contrôle des capitaux et laisse le peso se déprécier. L’essentiel de la dette externe étant libellée en dollar, elle n’a d’autre choix que faire défaut. L’économie chute en 2002 sur fond de chaos financier mais, dès 2003 elle redémarre de plus belle et efface son retard sur le Brésil en moins de 5 ans. Pour rappel, la Grèce en est à -25% du PIB en euro courants depuis 2008 !

Est-ce que la Grèce pourrait accomplir la même chose en revenant au drachme ? Après tout, pourquoi pas.

  • La reprise Argentine s’est appuyée sur le secteur agricole, la Grèce a le tourisme
  • Le contrôle des capitaux est déjà en place et de toutes façons, ces derniers ont déjà fuit
  • le budget primaire est à nouveau excédentaire (du moins en 2014)
  • la balance des comptes courants est redevenue positive en 2013

En fait, le plus dur à gérer serait la période de transition entre l’euro et le drachme, problème que n’a jamais eu l’Argentine. Mais, cela tombe bien, l’économie grecque tourne encore largement sur le cash. Si la Grèce sort la semaine prochaine de l’euro, elle n’aura pas besoin de faire tourner la planche à billet pour gérer les fins de mois, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne le fera pas, revenant ainsi à ses mauvaises habitudes ! Sur le plus long terme, il resterait à régler les conditions du défaut avec ses créanciers, ce qui continue à hanter l’Argentine 15 ans après.

Mais en attendant, malgré toutes les prédictions apocalyptiques, la Grèce n’a plus grand chose à perdre à sortir de l’euro. Par contre, et c’est là que le pari allemand, notamment de Schäuble, est risqué, la zone euro a tout à perdre. Si elle n’est même pas capable de s’entendre pour régler l’insolvabilité d’un pays qui représente 3% de son PIB, qui espère-t-elle convaincre de la solidité de son système financier ? Et serait-elle vraiment capable de faire ce qu’il faut pour sauver l’Espagne en cas de spéculation ?