Pour ma part, la plus grande surprise de la soirée électorale a été le basculement à gauche, en pleine déroute, de la Lozère pourtant bastion de la droite depuis la 2nd guerre mondiale. La préfecture locale a sèchement noté que le département a voté pour « 60 % à droite et 40 % à gauche ». Surprenant ?

Canton de Chirac en lozèreJe veux bien que, dans une série de scrutins majoritaires, on puisse trouver des effets de bords de cette nature, mais quand même, 40/60 c’est beaucoup ! Et on peut légitimement être amené à s’interroger sur la « qualité » du découpage des cantons, à commencer par celui de Chirac en Lozère qui ne manquera pas d’en surprendre plus d’un. J’ai donc été tenté de m’intéresser à un autre département, dernier réduit communiste en France, le Val de Marne.
Et ce n’est pas triste non plus, la gauche a remporté le Val de Marne avec 40.65% des suffrages exprimés, contre 51.93% pour la droite (*). Comment arrive-t-on à ce résultat ? Simple, un canton gagné par la gauche a en moyenne 26 376 inscrits, contre 37 183 pour un gagné par la droite.

Bien sûr, le problème de toute analyse statistique est de réussir à faire abstraction d’effets type triangulaires, division d’un parti, alliances etc. Une solution, qui m’a semblé propre, consiste à comparer les résultats au 1er tour des listes de gauche (en incluant les verts d’EELV) avec le nombre d’inscrits par canton :

score_gauche_1er_tour_dpt

Ce qui apparaît assez clairement est que la gauche, lors du redécoupage de 2013/4, a eu une certaine tendance à sur-représenter, par rapport aux inscrits, les zones géographiques du Val de Marne ancrées à gauche. Plus une zone vote à gauche, plus elle a de conseillers. Bien sûr, cette corrélation peut aussi être totalement fortuite…

Quoiqu’il en soit, la démocratie n’en sort pas grandie. Et M. Valls aura beau adopter des postures anti-FN grandiloquentes, ce genre de découpage ne peut que renforcer le sentiment du « tous pourris » sur lequel surfe déjà bien assez aisément le FN.

* A disposition le tableau excel sur lequel s’appuie cette analyse. Les chiffres sont ceux officiels du ministère de l’intérieur.