Sont parus plusieurs articles, ces dernières semaines, sur les français qui souhaitaient quitter la sécurité sociale, c’est à dire l’assurance maladie et l’assurance vieillesse. Il s’agit essentiellement de médecins, professions libérales, artisans. Assez peu surprenant, ils rédigent eux-même leurs chèques aux organismes sociaux, ils sont donc très conscient du prix, et il est plus facile pour eux de stopper les paiements que pour les salariés. Ils estiment trop payer, et surtout payer pour les autres. Pendant que beaucoup débattent sur la solidarité, tout le monde passe à côté du vrai problème. La sécu n’est, fondamentalement, qu’un système d’assurance, et n’a donc pas vraiment de prise directe sur les dépenses de santé qu’elle rembourse. Et la santé coûte chère ! En 2009, selon L’INSEE, les dépenses de santé se montaient à 3481 € par habitant, soit 11.9% du PIB. Alors comment les assurances privées parviennent alors à proposer des primes inférieures ? Simple, en pratiquant le « cherry picking »

Laurent C., invité d’Europe 1, est donc tout content de ne payer que 4200 € par an au lieu des 15% de son revenu, non précisé, qui lui étaient demandés. A chacun son point de vue, je n’aborderai surtout pas les notions de solidarité ou de justice sociale, elles sont clairement différentes pour chacun. Par contre, Laurent C. n’explique pas du tout ce qu’il compte faire quand son assurance à 350€ par mois cessera de le couvrir ou alors contre des primes exorbitantes, par exemple :

  • après la rémission d’un cancer ou autre maladie onéreuse et de longue durée
  • le jour où il atteint les 65 ans (raison pour laquelle le Medicare a été créé aux US en 1966)

On l’oublie un peu vite. La branche maladie de la sécu n’assure pas la solidarité qu’avec les pauvres, les immigrés clandestins etc. Elle assure surtout la solidarité entre les bien portants et les malades, entre les plus jeunes et les seniors. Et la vie est ainsi faite que, malheureusement un jour ou l’autre, nous passerons tous de la première catégorie à la deuxième. Et les assurances privées ne seront plus, à ce moment là, vraiment emballées pour nous assurer.

A ce titre, la comparaison dans l’interview d’Europe 1 avec les assurances automobiles n’est vraiment pas poussée à son bout. Si j’ai 3 accidents dans l’année, je ne trouverai plus aucune assurance, et c’est le signal fort que je devrais probablement cesser de prendre le volant pour la sécurité de tous. Si j’ai des problèmes de santés multiples, est-ce le signal que je dois cesser de vivre !? Et ce n’est qu’une des raisons qui font qu’un système de santé se reposant sur des assurances privées sans régulation, type pre-obamacare aux US, ne peut pas fonctionner. Doit-on aussi rappeler que les factures médicales sont la principale cause de faillite personnelle là-bas ?

Mais je ne me fais aucun soucis pour Laurent C. Le jour où son assurance privée ne voudra plus de lui, il viendra vite se ré-inscrire à la bonne vieille sécu. Un peu trop facile non ? Et en attendant, si le système n’est plus capable de soigner les segments les plus pauvres de notre société de la tuberculose, la polio, la rougeole ou même ebola, nous en rirons tous bien fort du haut de nos tours d’ivoire ! Ah ah