Depuis une quinzaine de jours, la presse revient régulièrement sur les professions réglementées. Comment croire que cette insistance est spontanée ? Il s’agit bien évidemment d’une opération de communication (savamment !?) orchestrée par le gouvernement distillant fiche de communications et fuites bidonnées. L’idée, j’imagine, est de tenter de maîtriser l’information pendant la période estivale, et bien sûr, de permettre au dynamique duo Valls/Montebourg de nous sauver à la rentrée en septembre.

Les professions réglementées sont-elles privilégiées ?

Malgré tous les grands discours sur les revenus exorbitants des professions réglementées, que constate-t-on ? Ici le tableau repris du monde, le rapport fuité de l’IGF n’étant pas publiquement disponible :


Certes, les 4 premières professions (greffiers de tribunal de commerce, etc.) ont des revenus qui semblent vraiment excessifs par rapport à leur valeur ajoutée. Mais que dire du dirigeant d’auto-école tant décrié à 1877 € ? Pour donner une base de comparaison, on peut consulter la page de l’Insee sur les salaires en France. Le salaire médian net en France est de 1712 € en 2011. Le salaire moyen d’un cadre tourne à 4000 € net (EQTP). Finalement, le salaire médian d’un avocat à 3271 € prête plutôt à sourire quand on considère le nombre d’heures passées au tribunal. Mais je pense que quelques précisions sont nécessaires surtout à propos des professions de santé qui ont l’air d’être particulièrement bien placées dans le collimateur du gouvernement :
 
Les Vétérinaires
Il ne s’agit pas d’une profession particulièrement réglementée d’un point de vue économique. Certes, le numerus clausus est bien présent, mais nombres d’étudiants français ont tendance à envahir la Belgique, qui impose en retour des quotas. Au passage, les tarifs sont bien libres, la consultation d’un véto tourne dans les 50€ à comparer au ceux d’un médecin généraliste. Cherchez l’erreur !
 
Les Médecins en général
La grande hypocrisie est que les gouvernements depuis 30 ou 40 ans ont tous maintenu un numerus clausus dans l’espoir de contenir les dépenses de santés. Moins de médecins, moins de consultations et de prescriptions à rembourser! Conséquence, il est devenu normal d’attendre des semaines pour obtenir un rdv. Et je vous encourage à parler des 35h à votre médecin, mais plutôt en fin de consultation, il va probablement rire jaune. De fort revenus donc, mais beaucoup d’heures. Et quand bien même, est-il anormal qu’une profession nécessitant des années d’études et avec un niveau de responsabilité critique soit très bien rémunérée ?
 
Les Pharmaciens
Là, le rapport mélange un peu tout. La catégorie « pharmacien » ne comprend très certainement pas les pharmaciens adjoints qui eux ont des salaires beaucoup plus bas mais plutôt les pharmaciens d’officine. Quant aux « pharmaciens biologistes dirigeants un laboratoire d’analyse », il faut savoir que les petits laboratoires sont en train de disparaître, notamment à cause d’une réglementation toujours plus stricte sur les normes et processus qualité que seules les structures les plus importantes arrivent à suivre. On a donc ici affaire aux revenus de chefs d’entreprises dont la taille ne cesse d’augmenter sous l’effet des réglementations. Et bien sûr leurs revenus ont tendance à suivre leur chiffre d’affaire de leur labo. Cocasse ?

Montebourg semble donc bien décidé à en découdre avec les officines. Soit, mais on peut déjà remarquer que les médicaments OTC (délivrés sans ordonnance) sont jusqu’à 50% moins cher que dans d’autres pays européens. Quels gains espère-t-il ? De plus, si les pharmacies en zones denses et urbaines prospèrent, ce n’est pas le cas des pharmacies en zone isolées. Montebourg devra bien expliquer comment il compte libéraliser la profession, sans favoriser encore plus les premières ou sans élargir un peu plus les déserts médicaux. Ou alors, il peut décider de laisser Leclerc et Carrefour développer leurs propres chaînes de pharmacie, un peu comme aux US. Les pharmaciens seront alors tous salariés, comme des cadres avec salaires similaires (4000 € net ?). Les prix seront-ils plus bas ? Ce n’est pas sûr, par contre les profits iront directement aux actionnaires, et ça, la gauche caviar a toujours très bien su s’en accommoder.
 
Le Permis de Conduire
Je voulais vraiment revenir sur le coût du permis en France pour sa valeur d’exemple. Vu le salaire médian du dirigeant d’une école de conduite, il ne semble pas dû à la surfacturation des heures. Pour mieux comprendre le problème, comparons à la Californie.

Y passer l’équivalent du permis B coûte 33 $ au total !! On arrive au code sans rendez-vous, le « driving test » nécessite un rdv qu’on obtient généralement en 2 à 3 semaines. Pour le « driving test », peu importe le véhicule tant qu’est fourni une preuve d’assurance. Et le passage du code permet d’obtenir un « permit » qui permet de pratiquer la conduite accompagnée sans jamais passer par la case auto-école. Bien sûr, c’est aussi techniquement possible en France depuis peu, à condition de disposer d’une voiture d’auto-école

En France, on a complexifié d’année en année le passage du permis au nom de la sécurité routière, quand bien même les principaux facteurs d’accidents sont dus à la vitesse, l’alcool, la somnolence, médicaments etc. Sans surprise, malgré son laxisme au permis, la mortalité routière en Californie est comparable à celle de la France. Bref, le problème du coût exorbitant du permis ne vient pas des auto-écoles mais d’un examen inutilement tatillon, du manque d’inspecteur/inspectrice, c’est à dire fondamentalement de problèmes d’organisation entièrement du fait de l’État. Bien évidemment, il est plus facile de taper sur les auto-écoles que de réformer l’État.

La vacuité des Socialistes

Certes, la situation de certaines professions réglementées mériterait que le gouvernement s’y attelle sérieusement, greffiers, mandataires judiciaires, notaires… Mais que sont en train de faire les socialistes ? Après 2 raclées électorales historiques, ils ont enfin réalisé que la présidentielle de 2017 était vraiment mal partie. Ils s’en remettent donc aux vieilles ficelles politiciennes qui consistent à désigner à la vindicte populaire des professions qui, ça tombe bien, sont perçues comme votant à droite, tout en se posant en défenseurs du peuple et de petites gens.

Et tout ça pour quoi ? Quand on y regarde de près, la plupart n’ont pas des revenus qui font spécialement envie, et les autres ont des revenus pas si délirants par rapport au niveau d’étude et de responsabilités. D’ailleurs que promet Montebourg ? De restituer 6 milliard d’euro de pouvoir d’achat aux français, comique quand on sait que lui et ses amis au gouvernement viennent d’augmenter la pression fiscale de 30 milliard en deux ans.

Bref, des politiques responsables viseraient à régler les problèmes de la France, pas à jeter en pâture 1 millions de français devant le reste du pays. Des politiques responsables, on peut toujours rêver…