Quelque fois les remarques économiques de nos gouvernants sont simplement effarantes… Y comprennent-ils seulement quelque chose ?

Montebourg et la dévaluation de l’Euro

Pour Arnaud, l’euro est surévalué d’au moins 10% et nuit aux exportations françaises. Déjà, il faut remarquer qu’une dévaluation ne profiterait qu’aux exportations en dehors de la zone euro or les principaux partenaires commerciaux de la France sont dedans.

Alors une étude du CAE parle de 0.6% à 1 an et 1% à 2 ans. Pas énorme, et certains en rient ouvertement, mais 1% de PIB en plus représente quand même dans les 250 000 emplois, les chômeurs apprécieront.

Mais le vrai problème est de savoir comment réaliser une telle dépréciation ? Dans un régime de change flexible, le cours de l’Euro est d’abord lié à l’offre et la demande, et la balance commerciale de la zone euro excédentaire a donc tendance à pousser ce dernier à la hausse. Traditionnellement, une banque Centrale à deux outils à sa disposition :

  • Baisser les taux directeurs ce qui rend moins attractif les actifs de la zone euro. Le principal est à 0.25% contre 3.75 en octobre 2008 ! La BCE peut difficilement faire moins.
  • Acheter des actifs étrangers, typiquement des obligations d’État. En des termes moins élégants, cela s’appelle une manipulation monétaire et cela risque de difficilement passer.

Autrement dit, la BCE n’a plus aucun outils classique à sa disposition pour faire baisser l’Euro. Cette situation est vécue par le Japon depuis 1991. Par contre, il reste le « Quantitative Easing » comme le pratiquent depuis 2008 les USA et la Grande-Bretagne et depuis peu le Japon. Cela aurait aussi pour effet de soutenir l’économie et de probablement engendrer une inflation modérée mais salvatrice pour des économies souffrant de sur-endettement… Mais là, je souhaite bon courage pour faire avaler ça aux Allemands !

L’Euro qu’Hollande veut

Passons les platitudes auxquelles nous ont habitué la classe politique, le passage suivant est le plus surprenant :

Mais la dévaluation, c’est d’abord la hausse du prix de tous les produits importés, c’est le retour de l’inflation, c’est la baisse du pouvoir d’achat des plus modestes. La fin de l’euro, c’est une austérité implacable. La fin de l’euro, c’est la disparition de la solidarité financière, c’est une monnaie livrée à la merci des spéculateurs.

La fin de l’euro, une baisse du pouvoir d’achat des plus modestes?
Hollande mène une politique assumée de compétitivité par la baisse du coût du travail et des charges des entreprises en les transférant sur les ménages (impôts sur le revenu et TVA sociale). En cela, il copie l’Allemagne avec dix ans de retard, mais il faudra nous expliquer la différence entre :

  • une dévaluation interne : baisser les salaires avec des prix stables
  • une dévaluation externe : des salaires stables avec une hausse des prix

Il s’agit d’un cas classique d’illusion monétaire sauf que malheureusement il existe bien une différence. Les dettes libellées en euros restent constantes et une dévaluation interne augmente donc le poids des dettes par rapport aux revenus.
Soyons réalistes. Le capital des 60% des français les plus modestes se compose de leur logement, s’ils en ont un, ou d’un livret A… Leur pouvoir d’achat dépend d’abord et avant tout d’un emploi et donc d’une économie en bonne santé. S’ils sont au chômage, inflation ou pas, leurs maigres économies ne tiendront pas longtemps…

La fin de l’euro, une austérité implacable ?
Là je pense que François gagnerait à faire un tour en Grèce, Espagne, Italie, Irlande ou Portugal… Ces pays pratiquent depuis 2010 une austérité implacable pour rester dans l’euro…

La fin de l’euro, la disparition de la solidarité financière
Quelle solidarité ? J’avais plutôt l’impression que l’Europe avait prêté à reculons à la Grèce pour qu’elle puisse rembourser ses créanciers privés, c’est à dire les banques Allemandes, Françaises etc. Et elle est depuis matraquée pour rembourser. Clairement, nous n’avons pas la même définition de « solidarité ».