Trouvé sur le net, le rapport de Financial Crisis Inquiry Commission qui examine, en quelques 600 pages en anglais, les causes de la crise financière de 2008. Précision qui mérite d’être soulignée, il s’agit d’une commission indépendante de 10 membres, 6 désignés par les démocrates et 4 par les républicains. Ce n’est donc pas a priori d’un brûlot  anticapitaliste rédigé par un ramassis de communistes revanchards. Mais à défaut de le lire en entier, jetez au moins un coup d’œil aux conclusions.

En bref, on y découvre les ninja loans, ou encore Goldman qui pariait à la baisse le CDO Abacus après l’avoir vendu à ses propres clients, qui eux avaient pariés à la hausse bien évidemment. Mine de rien, Royal Bank of Scotland, nationalisée depuis, y a  perdu $840 M. !! Un passage savoureux aussi, Michael Burry, un dirigeant de Hedge Fund reconnaît lui même:

There is an argument to be made that you shouldn’t allow what I did. […] When I did the shorts, the whole time I was putting on the positions… there were people on the other side that were just eating them up. I think it’s a catastrophe and I think it was preventable.

Mais j’aimerais surtout souligner une des conclusions du FCIC :

We conclude widespread failures in financial regulation and supervision proved devastating to the stability of the nation’s financial markets. The sentries were not at their posts, in no small part due to the widely accepted faith in the self-correcting nature of the markets and the ability of financial institutions to effectively police themselves. More than 30 years of deregulation and reliance on self-regulation by financial institutions, championed by former Federal Reserve chairman Alan Greenspan and others, supported by successive administrations and Congresses, and actively pushed by the powerful financial industry at every turn, had stripped away key safeguards, which could have helped avoid catastrophe.

Alors pourquoi ressasser le passé? Pour ne pas oublier que pendant des années, on nous a vendu la dérégulation sur le thème que l’État ne doit surtout pas se mêler de l’économie ou intervenir dans les marchés infaillibles. Au final, on a eu dans le secteur financier, d’un côté les perdants qu’il a bien fallu renflouer sous peine de voir le reste de l’économie s’effondrer, et de l’autre les gagnants qui n’ont pu concrétiser leurs gains et éviter la faillite que grâce au renflouement des premiers. Les grands perdants sont bien évidemment les contribuables des pays occidentaux qui doivent maintenant supporter ces dettes en même temps qu’ils subissent la pire crise économique depuis la grande dépression. Bref, tout ce monde là ferait mieux de se souvenir qu’on ne peut d’un côté prôner l’ultra-libéralisme et de l’autre demander un sauvetage aux États le jour où le système est au bord de l’effondrement. Et surtout, leurs profits retrouvés depuis ne devraient pas effacer le fait que l’automne 2008 ne fut que la version économique d’un chantage à la bombe nucléaire.