Lecture intéressante d’un récent sondage des français face aux impôts. Alors quelques remarques.
L’impôt Acte Citoyen
J’aurais plutôt dit un mal nécessaire. Comme tout le monde, je ne tire guère de plaisir à donner une part (conséquente) de mes revenus au fisc, en même temps, un État moderne coûte cher et il faut bien le financer. Je remarquerai juste que si l’ « acte citoyen » est une thématique de Gauche, elle n’est pas la dernière à compter dans ses rangs fraudeurs fiscaux ou autres dont la valeur déclarée du patrimoine semble un peu faible. Bref, « faites ce que je dis, pas ce que je fais »! La droite à au moins le mérite sur ce sujet de ne pas sombrer dans l’hypocrisie.
Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes
Ou bizarrement, un impôt a tendance à être d’autant plus populaire qu’il concerne le moins de gens. Un peu moins de 55% des foyers fiscaux payent l’impôt sur le revenu. Moins de 2% l’impôt de solidarité sur la fortune. Les carburants sont un produit de grande consommation.
Je veux bien qu’on baisse la taxe sur les produits pétroliers mais il faudra bien compenser en augmentant une autre taxe! Ou alors en baissant la dépense publique d’autant mais dans ce cas pourquoi baisser la TIPP et pas l’IR ou la TVA par exemple? La TIPP a un mérite clair, elle incite à réduire la consommation de carburants produits essentiellement importés et qui contribuent largement au déficit commercial. Et je n’aborde même pas l’impact écologique.
Baisser les prélèvements obligatoires
La vraie question serait plutôt de savoir d’abord quelle dépense baisser. Sinon, j’ai une solution simple, privatisons l’assurance maladie. Elle représente 10% du PIB et est financée essentiellement par la CSG, ce qui tombe bien, 62% des français trouvent cette dernière injustifiée! Malheureusement, les dépenses de santés ne chuteront pas pour autant et une rapide comparaison internationale permet de réaliser que si la France pourrait mieux faire sur ce point (fraudes, inefficacités, abus, etc.), ses dépenses sont loin d’être délirantes au vu du résultat. Pour rappel, les factures médicales sont la principale cause de faillites personnelles aux US. La raison en est qu’un système assurantiel privé en matière de santé reste largement inefficace pour maîtriser les coûts. La Ventolin (nom commercial du Salbutamol ou Albuterol) jusqu’à $100 l’inhalateur, l’Augmentin (pénicilline) à $250 les 10 jours de traitements aux US, en sont les joyeusetés. Les français seront donc contents, ils payeront moins d’impôts et surtout ne payeront plus pour les autres. Par contre, ils risquent fort de ne plus pouvoir payer pour eux-mêmes.
Une véritable politique fiscale
Plus sérieusement, une vraie politique consisterait à
- Définir l’action publique que l’on souhaite avoir. Qu’est-il est juste de financer et de quoi l’État ne devrait pas se mêler. Là il s’agit d’abord d’un choix de société.
- Améliorer encore et toujours l’efficacité de l’action publique à commencer par celle de l’État en déficit chronique.
- Définir clairement qui paye quoi et en fonction de quels critères. Quel niveau de progressivité de l’impôt, quelle type de taxe, le tout sans décourager les investissements des entreprises ou plomber la compétitivité du pays.
Vaste programme donc qui demanderait un sérieux courage politique mais qui serait infiniment plus sain que la politique actuelle de « la rustine ». Comment les français sont-ils censés préparer l’avenir ou investir quand ils n’ont littéralement aucune idée de ce que sera la fiscalité la semaine prochaine? Ceci dit, à la décharge de notre classe politique, aussi longtemps que l’attitude des français aura tendance à se résumer par « les impôts que payent les autres sont justes, baissons les miens, mais préservons les services publiques dont je bénéficie aujourd’hui quitte à couper les autres », il ne faudra pas espérer beaucoup mieux que la schizophrénie ambiante.
Tout à fait d’accord avec ta conclusion. Malheureusement on est dans une société où le politique pense à gagner les prochaines élections et non pas à faire avancer son pays. Tant que les intérêts du pays et de sa population ne soient pas alignés il y a peu de chances que qqch change. Au passage l’Allemagne donne un bon exemple des effets d’une réforme impopulaire. Economiquement l’Allemagne se porte bien (pour l’instant), socialement il y a une explosion des écarts de richesses et le SPD n’arrive pas a gagner des élections depuis 10 ans.
Ensuite en ce qui concerne l’impôt, je crois que on est actuellement dans une situation ou une bonne part des gens voient leurs impôts augmenter et en même temps leur anticipation pour l’avenir (le leur et celui du pays) se dégrader. Ceci pose donc la question est-ce que on est justement dans le bon choix de société. Sans aller jusqu’aux situations décrites aux US avec le système médical et les assurances maladie il faut bien admettre qu’en France la gestion du système de santé n’incite pas à faire des économies. Un exemple sont les remboursements des frais – plus c’est remboursé plus les « commerçants » anticipent les remboursements et les intègrent dans leurs prix – je tire cet exemple du cas des lunettes. Pour le consommateur c’est neutre à première vue mais ça se retrouve après sur des déficites -ceux de la Sécu ou des mutuelles. Les mutuelles étant privées répondent aux déficites en augmentant leur forfaits.
En même temps, la comparaison des dépenses de santé montre que la France est dans la même fourchette que les autres pays. Mais clairement, un effort de rationalisation/optimisation pourrait être fait sans dégrader la qualité des soins. Je pense au dossier médical électronique même s’il pose des problèmes de vie privées. Les banques organisent sans problème le système des transactions par cartes bleues, pourquoi n’arrive-t-on pas à mettre en place un système sécurisé et équivalent basé sur la carte vitale pour les soins ?
Ensuite, tu as probablement raison avec les remboursements. Et pour aller dans ton sens, je citerai en exemple aussi le tiers payant qui, même s’il part d’une bonne intention, est une catastrophe. Les assurés sociaux finissent par penser que le système est open-bar et c’est l’incitation à tous les abus. L’accès au soin est un droit certes, du moins j’en reste persuadé, mais à ne surtout pas en abuser !!