Dans la continuité du précédent post, j’ai pensé utile d’apporter quelques chiffres afin de casser quelques arguments entendus trop souvent récemment à l’occasion de la dernière réforme des retraites en date.


La France doit faire comme le reste de l’Europe… Départ à 65 ans

L’Allemagne, avec un indice conjoncturel de fécondité entre 1.4 et 1.5 depuis une trentaine d’année, n’est pas dans une situation atypique en Europe. Sa pyramide des ages révèle très cruellement la situation catastrophique à laquelle elle est confrontée. A l’opposé, la France n’a pas de problème démographique, même si le départ à la retraite des baby-boomers va créer des tensions sur l’équilibre des régimes. Son régime des retraites est probablement plus généreux que ceux de nos voisins, en même temps, ses fondements sont beaucoup plus solides.

L’immigration va résoudre le problème démographique

Sans rentrer dans le débat habituel et délétère, j’ai du mal à croire que l’immigration pourra combler le trou en Allemagne (ou ailleurs en Europe). En effet, on parle d’un déficit annuel des naissances supérieur au demi million simplement pour se maintenir au niveau français. Rien que d’un point de vue logistique, construction de logements, apprentissage de la langue, formation, adaptation à l’environnement professionnel, etc., le niveau d’immigration nécessaire me semble irréaliste !

Le taux d’emploi des seniors

L’argument est très légitime. Repousser l’age de départ à la retraite alors que les seniors n’arrivent pas à trouver un emploi n’est qu’un moyen déguisé de baisser leurs pensions. En fait, on a plutôt affaire à un « effet d’Horizon »


Sans grande surprise, les entreprises n’ont pas vraiment envie d’embaucher quelqu’un à 2 ou 3 ans de la retraite, sans parler des discriminations. De même les seniors ont, jusqu’au début des années 2000, été les premiers sollicités lors des plans de licenciements (pré-retraites, etc.). A partir du moment où l’age légal recule et les subventions au départ cessent, on constate que le taux d’emploi des seniors repart fortement à la hausse et ce même en temps de crise! D’ailleurs, le taux d’emplois des 55-59 ans en France n’a plus grand chose à envier aux autres pays européens.

Le régime des retraites est loin de la faillite

La dernière réforme des retraites a encore, malheureusement, été l’occasion d’entendre tout et n’importe quoi. La réalité en France est bien meilleure qu’affichée. La démographie est favorable, on y vit un peu plus longtemps qu’il y a 50 ans, mais surtout la mortalité infantile a pratiquement disparue. Ce dernier point est non seulement heureux pour les premiers concernés et leurs parents, mais il faut bien comprendre que ces gains d’espérance de vie n’ont absolument aucun effet négatif sur les régimes de retraites.
Par contre, nous vivons bien un peu plus vieux (8 ans depuis 1946), et il faudra bien à un moment, soit cotiser/épargner un peu plus, travailler un peu plus longtemps ou accepter un niveau de vie en retraite un peu plus faible. Mais l’effort restant à faire est faible, dans le pire des cas, l’équilibre des régimes serait assuré jusqu’en 2060 par exemple par une « simple » coupe de 10% des pensions. Nous sommes donc vraiment très très loin de la faillite annoncée.
Par contre, comment l’Allemagne va s’en sortir !? Merkel a du soucis à se faire. Remarquez, ce sera peut-être l’occasion d’annexer une bonne fois pour toute la Sarre.