Cela n’a pas eu beaucoup d’écho, mais ces dernières semaines les pays émergents, à commencer par le Brésil et l’Inde, font face à des crises des changes (réal et roupie). En quoi cela peut-il être un problème? Après tout l’euro qui perd 15 à 20% de sa valeur face au dollar est un non événement.

Le problème est qu’un partie de la dette des pays émergents est libellée dans une monnaie étrangère, typiquement dollar ou euro. En 1997, la crise asiatique commence par l’éclatement d’une bulle financière en Thaïlande, suivie d’une fuite des capitaux qui entraîne la chute de sa monnaie. La dette libellée en dollar explose et, cumulée à la crise économique, pousse à de nombreux défauts qui aggravent la situation.


La défiance vis à vis des pays émergents se propage alors aux autres pays, Philippine, Malaisie, Indonésie, Corée et même à la Russie l’année suivante. Les banques centrales de ces pays se trouvent alors avec le choix inconfortable de soit baisser leurs taux pour soutenir leur économie, soit les augmenter pour soutenir leur monnaie. La dette externe aggrave le choc. On le voit très clairement, Indonésie, Russie, et Thaïlande ont particulièrement souffert.
Pour une définition complète, et en français, du stock de dette externe, voir ce lien sur le site de la banque mondiale.

Qu’en est-il aujourd’hui?

Clairement, les deux pays sous les feux des projecteurs, Inde et Brésil ont des stocks de dette externe bien inférieurs à ceux qui prévalaient dans les économies asiatiques en 1997. Même si leurs monnaies dérapent brutalement, l’impact restera probablement modéré. Cela pourrait même avoir un effet positif sur leurs exportations et donc leur économie en général. Par contre, je me méfierais plutôt de la Turquie. Son stock de dette extérieure est assez élevé (+ de 40%), sa monnaie se déprécie rapidement, et sa balance des comptes courants est particulièrement dégradée. Tous les ingrédients sont donc réunis pour une crise sévère.