On entend (trop?) souvent que la dette publique va appauvrir les générations futures et ruiner le développement économique de la nation. Qu’en est-il vraiment? C’est l’occasion de faire le tour des données historiques de quelques pays sur-endettés et d’observer le désastre annoncé.



J’ai étendu le graphique un peu au-delà du 19ème siècle pour voir l’effet des guerres. Et on voit qu’un niveau de dette à faire frémir plus d’un austère bureaucrate de la BCE n’a absolument pas empêché la Grande-Bretagne d’investir dans son économie et de profiter pleinement de la révolution industrielle.


Même chose. Ein kolossale Schulden!! Suivi de 30 années de forte croissance accompagnée d’un chômage faible. On remarque au passage les effets des politiques du New-Deal de Roosevelt et de la relance budgétaire sur le ratio d’endettement (1933-1941).

Bien évidemment, je ne suis surtout pas en train de dire que la dette n’a aucune importance. Je remarque simplement à l’aide d’exemples historiques que

  • les pays occidentaux ont déjà connus des niveaux de dettes bien plus élevés qu’aujourd’hui et n’en ont pas spécialement souffert
  • la dette publique ne pose pas de problème tant qu’elle n’empêche pas d’investir (c.a.d par des taux d’intérêt réels élevés voir hyperinflation) dans les capacités productives de l’économie
  • le plus urgent aujourd’hui en 2012 est de redémarrer l’économie européenne! Probablement pas de la saccager à coup d’austérité sauvage qui ne fait qu’augmenter le ratio d’endettement

Bien évidemment, j’aurais pu aussi citer la France dans les années 1870 ou les années 1920 qui ne s’en est pas trop mal tirée. Je préférerai plutôt finir par la tête d’affiche des pays occidentaux sur-endettés. Elle a passé l’essentiel du 20ème siècle criblée de dettes, été ruinée à plusieurs reprises… L’Allemagne bien sûr! Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, elle s’est vue confisquer ses armements (quoique normal), son matériel roulant (train etc.), tous ses actifs à l’étranger (le brevet de l’aspirine), ses colonies, amputée d’une partie de son territoire, et infligée des indemnités colossales. C’est simple, on ne lui a laissé que les dettes, celles de la guerre plus 132Md de Mark-Or d’indemnités pour un PIB de ~50Md en 1913. Alors bien sûr, les conditions de vie furent désastreuses, il y eu un épisode d’hyperinflation, ce qui tend à prouver que se financer par la planche à billets quand l’économie tourne à plein régime n’est pas une bonne idée. L’Allemagne fit plusieurs fois défaut. Mais cela ne l’empêcha pas de développer ses capacités industrielles et de produire dès la fin des années 30 des armes de guerre en quantité et de qualité, il faut le reconnaître, inégalée. En 1945, elle se retrouvait à nouveau ruinée et priée de payer des indemnités de guerre, quoique cette fois beaucoup moins punitives. La suite est connue.

Ce que j’en retiens? Un État ne rembourse jamais ses dettes. Au mieux, il ramène son ratio d’endettement à un niveau soutenable. Il peut aussi (mais pas toujours) jouer sur l’inflation ou faire défaut sur l’essentiel de ses dettes avec l’assentiment de ses créanciers celles-ci sont clairement insoutenables. Je trouve toujours surprenant que la classe politique allemande n’ait retenu des années 1920 qu’une sacro-sainte frayeur de l’hyperinflation. L’attitude de la France vis-à-vis de l’Allemagne pendant cette période fut clairement égoïste, amorale et désastreuse pour l’Europe mais surtout pour elle-même. Alors pourquoi vouloir à tout prix l’imiter dans le pire?